L’incroyable ego des développeur(euse)s

L’incroyable ego des développeurs

J’entends beaucoup parler du syndrome de l’imposteur chez les dev. Mais le syndrome de l’énorme boulard est tout aussi présent. La taille de l’ego des développeurs est incroyable. Heureusement que la majorité des développeurs ne sont pas atteints de ce syndrome. Mais ils sont quand même très nombreux. Il faut que je t’en parle.



Rockstar du dimanche

À la fin de l’été 2013, je me trimbalais un boulard tellement énorme que je passais plus les portes. À ce moment-là, j’ai seulement deux ans d’expérience derrière moi. Je sors donc à peine de la période dite « junior ». Et surtout, dans l’épisode précédent de cette histoire, je faisais un burn-out complet à cause d’un projet venu tout droit des enfers. Après presque deux mois de travail, comme un gros taré, je sortais une énorme application pour un grand client. J’avais réussi ! J’avais sorti ça seul et à temps. Je sentais vraiment que j’avais pris en expertise à ce moment-là.

Après une période de déprime post-burnout, je suis revenu en colère. Cet exploit faisait gonfler ma tête à vu d’œil. Je me prenais vraiment pour quelqu’un d’important. J’arrivais le matin et je traversais l’open space sans dire bonjour à personne.



ego


Je m’installais à mon bureau et je commençais ma journée par me plaindre des demandes totalement stupides des clients. Ensuite, j’allais en réunion et je faisais un monologue sur comment je voyais telle ou telle solution. Absolument rien à foutre de l’avis des autres. J’étais dans une situation spéciale. L’un des devs les plus expérimentés dans cette boite. Et, dans ma tête, tout ce que je touchais se transformait en or.

Je faisais toujours la même chose. Mêmes technos, même projets, mêmes problématiques, même contexte, même charge, encore et encore. Dans une situation pareille, sans aucun challenge, c’est facile de produire vite et bien. Cette facilité me galvanisait dans mon impression d’être le meilleur. Je me disais que tout était si simple dans ce métier. Et surtout, si quelqu’un suivait pas la cadence, je le pointais immédiatement du doigt de la manière la plus toxique possible.



toxique


Cette situation a durée pendant des mois. C’était abominable. Et vu que je me reposais sur mes exploits passés, c’était impossible pour moi d’évoluer. Et un jour, un événement majeur a brutalement changé ma façon d’aborder ce métier.



Pourquoi est-il aussi arrogant ?

Avant ça j’aimerais qu’on discute de pourquoi ce débordement d’ego est relativement fréquent dans ton métier.

Déjà parce que les entreprises sont à la merci de la technologie. Dans ce contexte, tu es celui qui donne des réponses et qui sait réellement comment le produit fonctionne. Pire que ça, ils considèrent ce que tu fais comme de la magie noire. Comme devant un illusionniste, la plupart des gens ne comprennent rien à ce que tu fais. Mais tout le monde trouve ça extraordinaire. Quand on te dit que tu fais de la magie fréquemment, tu finis par y croire. Et à chaque fois, une dose d’ego est injectée dans ton crâne.

Paradoxalement, les juniors sont plus atteints par le phénomène que les seniors. Beaucoup d’entreprises font tout le temps la même chose, de la même façon. Et quand tout est si facile, tu ne te rends plus compte. Quand tu sais pas ce que tu sais pas, t’es persuadé que tu sais tout. Et quand un junior n’est pas tutoré et/ou accompagné par des développeurs plus seniors, ça joue vite des tours. Tu te retrouves avec un gamin arrogant qui se prend pour un tueur.



ego


Également, notre métier est extrêmement compétitif. De façon volontaire ou non, les entreprises mettent en compétition les développeurs entre eux. Qui sera le premier à résoudre le bug ? Qui à la meilleure architecture ? Qui en sait le plus ? Et je te parle même pas des concours qui sont légion. Et toi, t’es classé combien ? Dans un contexte de compétition aussi extrême, les egos sont vite spectaculaires.

Enfin, ça veut pas dire que c’est réservé aux juniors cette affaire. Beaucoup de développeurs avec plus d’expérience sont atteints aussi. Ce que tu fais est super compliqué. À force de régler des problèmes complexes, de plus en plus rapidement, naturellement ça flatte ton ego. Et si t’es pas vigilant, tu peux vite tomber dans le dédain envers les autres qui ne suivent pas la cadence. Et notamment avec les juniors. La plupart des développeurs adoptent une voie pédagogique et de tutorat. D’autres, gonflés par un ego surdimensionné, vont être des gros lourds.

Ce qui différencie pas mal les deux profils est l’acceptation d’un constat simple. Tu ne sais pas tout, n’importe qui peut t’apprendre quelque chose, et c’est très positif. Et parfois ça prend une seule rencontre pour se rendre compte de ça.



Retour à la réalité

Après plusieurs mois à faire le malin, j’étais au sommet de ma connerie. Grande légende des débiles dans un monde sans aucun challenge. Comme y’avait personne pour me calmer, ça aurait pu continuer longtemps.

Et un vendredi soir, j’ai rejoint toute ma boite qui faisait un apéro dans un bar non loin. Cette boite travaillait dans un grand espace de co-working avec plein d’autres boites. Et toutes ces boites étaient plus petites, mais leurs projets étaient très challengeant techniquement.

Évidement, j’arrive et j’hurle à qui veut l’entendre que je suis un expert en à un peu prés tout. Ha oui, je fais de l’architecture et tout en plus. Quand j’y repense, putain, c’était ridicule. Bref, à ce moment-là un développeur senior d’une autre boite m’entend dire de la merde au loin et s’approche de moi. Il a justement besoin de parler à un expert pour l’un de ces problèmes. Et dans ma grande bonté, j’accepte de lui accorder du temps.



ego


Et là, je te mens pas, rien que dans l’énoncé de son problème j’ai pas compris tous les mots. Je me suis immédiatement mis en position latérale de sécurité. Depuis le sol, j’ai essayé de suivre du mieux que je pouvais ce qu’il me racontait.

Il a commencé à me parler de son problème et ma demandé quel type de structure de données, et du coup quel algorithme, serait le plus optimisé pour son problème dans son architecture existante. C’était un problème extrêmement poussé son truc. Ça abordait des concepts que j’avais vaguement évoqués à l’école, mais jamais pratiqués. Il m’a vu me mettre au sol alors il est descendu d’un cran et m’a demandé ce que je pensais de tel ou tel langage pour son problème. J’avais aucune idée vu que je travaillais qu’avec un seul langage et que je m’intéressais à rien d’autre. Et c’est quand il a commencé à m’apprendre la vie sur mon propre langage qu’il m’a mis KO.



réalité


Le pire dans cette histoire c’est que lui était finalement très sympa dans sa démarche. C’est moi tout seul qui a pris ça pour de la violence. C’était de la violence pour mon ego. J’étais pas prêt, mais c’est exactement ce qu’il me fallait à ce moment-là. La douleur est un excellent professeur. Et là, pour le coup, ça faisait mal.



Tout est relatif

Arriver à être efficace et productif pour ton équipe, c’est ton objectif principal. Une fois que tu y arrives, il faut que tu gardes quelque chose en tête. Tu es efficace et productif dans ce contexte. Sorti de ce contexte on redistribue les cartes et on se remet en question.

Le mythe du développeur qui sait absolument tout est totalement faux. S’il y a autant de spécialisations dans ce métier, c’est pas pour faire joli. Il y aura toujours quelqu’un pour t’apprendre quelque chose, car il y a trop de choses à apprendre. Si je te conseille d’apprendre et de maîtriser des concepts de base de programmation, c’est pas pour rien. Le problème c’est que si tu te persuades toi même que t’es un monstre, tu vas finir par y croire. Plus ton ego va t’emmener haut, plus la chute sera brutale.



relatif


Et y’a d’autres effets de l’enfer à la présence d’autant de profils à fort ego dans notre domaine. Déjà, c’est intimidant pour beaucoup de monde, mais surtout ça peut très rapidement compromettre des projets entiers.



Ego programming

Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine, j’ai vu de mes propres yeux des projets informatiques explosés en plein vol à cause d’ego débordant.

J’ai vu une équipe de gros seniors développeurs être réunie pour un projet ambitieux. L’idée c’était d’aller vite. Sauf qu’arriver au moment de prendre des décisions techniques, personne n’était d’accord. Personne voulait avoir tort et s’asseoir sur son égo. C’est quand les premières insultes sont arrivées dans les premières pull requests que le projet a été reboot.

J’ai vu un lead tech forcer son framework maison. Tous les développeurs sans exception demandaient poliment une solution libre et plus maintenable. Ce lead tech décréta que le seul choix était son framework maison. L’ego de ce type là a coûté à l’entreprise en question plusieurs développeurs en l’espace de quelques semaines.

J’ai vu tellement de fois des jours entiers de travail gâché, car un développeur était trop fier pour demander de l’aide. J’ai vu tellement de fois des développeurs refaire du code qu’ils jugeaient mauvais sans demander à l’auteur pourquoi. Je pourrais continuer longtemps comme ça. Comme je disais dans l’intro : heureusement que la majorité des développeurs ne sont pas atteints par ça. Sinon ça serait l’horreur. Surtout qu’il suffit juste d’un déclic.



Egoless programming

Le week-end après ma rencontre avec ce fameux développeur j’étais dans le mal. J’ai fini par sortir la tête de mon cul et je me suis rendu compte que j’avais tellement de choses à apprendre que c’était effrayant. Et ça, jusqu’à aujourd’hui.

Plus j’évolue et j’apprends des choses dans ce métier, plus je me rends compte à quel point je ne sais rien. Depuis ce jour j’aborde ce métier avec humilité. Ce déclic m’a ÉNORMÉMENT aidé dans ma carrière. Et je te conseille fortement de faire la même chose. Reste fier de ce que tu as accompli et de ce que tu sais, mais bien conscient de ce que tu ne sais pas.



ego


C’est le même schéma un peu partout dans notre milieu. Des énormes egos, de l’immaturité et un manque de perspective dans une ambiance hyper compétitive. Quand je vois des initiatives comme compassionate coding ou les très connus 10 commandements de l’egoless programming, je me dis que je suis pas le seul à avoir remarqué tout ça.



L’ego est important

Maintenant, attention, l’ego reste à mon sens important. Il faut avoir confiance en soi et ses capacités. Aborder ce métier avec humilité ça veut pas dire te laisser marcher dessus et dire merci. Ça veut dire prendre le temps d’écouter tout le monde avant de donner ton point de vue. Ça veut dire prendre en compte les idées de chacun de façon impartiale. Ça veut dire faire entendre ta solution quand tu as raison. Ça veut dire accepter quand tu as tort.

Comprendre que personne n’est irremplaçable. Ni toi, ni moi, ni ton patron, ni ton directeur technique, pas même le lead tech qui sauve la terre tous les jours. Comprendre que c’est pas en traitant tes collègues de mauvais que tu vas faire avancer le projet. Comprendre que c’est pas parce que tu te considéres comme un dieu que c’est la vérité. Comprendre que si tu fais une erreur c’est pas la fin du monde. D’ailleurs, c’est OK si quelqu’un te le fait remarquer. Comprendre que ce sont justement tes erreurs qui te permettront de grandir plus vite.



Épilogue

Si jamais cet article peut ne serait ce que déclencher un seul déclic chez quelqu’un qui est étouffé par son ego, j’en serais très heureux. Y’a encore beaucoup de choses à dire sur le sujet, mais j’ai préféré me cantonner à l’essentiel. Il existe un formidable livre sur le sujet qui devrait être lu par tous et que je te conseille fortement! Ton énorme ego mal placé ne t’emmènera nulle part. Il est temps de le laisser en dehors de ta carrière.

Qui me parle ?

jesuisundev
Je suis un dev. En ce moment, je suis développeur backend senior / DevOps à Montréal pour un géant du jeux vidéo. Le dev est l'une de mes passions et j'écris comme je parle. Je continue à te parler quotidiennement sur mon Twitter. Tu peux m'insulter à cet e-mail ou le faire directement dans les commentaires juste en dessous. Y'a même une newsletter !

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44 commentaires sur “L’incroyable ego des développeurs”

  1. Je ne suis pas du genre à me la péter. Je suis toujours courtois avec mes collègues, j’écoute et je ne pète que rarement plus haut que mon cul.
    Mais je suis le seul développeur d’une boite de plus de 300 personnes. Je créer à la fois des logiciels pour le fonctionnement interne de la société mais aussi pour les clients.

    Il vrai que la notion de l’irremplaçable à parfois du mal à me sortir de la tête. Pourtant je sais que le jour ou je quitte ma société bon gré mal gré, ils pourront sans sortir sans trop de difficulté. C’est sur cette notion que je dois travailler.

      1. Et oui !
        Et encore je ne gère pas que le dev. Je gère aussi une bonne partie de l’infrastructure informatique et je m’occupe aussi des audits de sécurité (interne et client).

        Cette petite tumeur de l’intouchable qui me trotte dans la tête me permet des choses que personnes ne ferait en temps normal dans une société aussi grosse. C’est très dur d’essayer soi-même de se sortir de ce petit confort alors que personne ne m’a rien demandé. Mais j’essaie de prendre les devants pour éviter peut-être un jour de tomber de très très haut.

        1. Je pense qu’il est risqué d’être seul à porter la responsabilité de l’informatique dans une entreprise (truck factor). D’autant que tu portes en plus la responsabilité de l’infrastructure. Il peut-être utile à toi et ton entreprise que tu aies un backup pour te soulager d’une partie de ta charge.

          Peut-être peux-tu avoir l’avis de tierces personnes sur ton code et ton architecture (si jamais tu fais de l’open-source par exemple)? Si tu es challengé par d’autres personnes, c’est une chose saine.

          J’imagine que ça doit être difficile pour toi de planifier des vacances sans prendre en compte l’agenda de ta boîte.

          Je suis curieux d’avoir ton avis.

          Bien à toi.

  2. Excellent article. J’aime quand il n’y a pas trop d’animation, n’arrivant pas à arrêter la boucle d’un gif avec FF 72.

    Pour jouer avec les mots, on distingue l’humiliation de l’avilissement dans le sens ou l’humiliation dégonfle l’égo tandis que l’avilissement attaque la dignité. En l’occurrence, tu as subit une salutaire humiliation à l’apéro mais les dévs ont été avilis par leur lead tech.

    C’est important d’accepter d’avoir mal à son égo, même si parfois, on croit que c’est sa dignité qui est touchée.

  3. L’ego dans le milieu informatique est une plaie. Parce qu’à moins d’être également développeur (et des peer reviews ou tous autres échanges ouverts et bienveillants), personne ne voit la réprésentation de l’ego dans le code.
    Malheureusement cet égo qui peut mener les projets à l’échec ne se cantonne pas aux développeurs : un product manager, un product owner, un chef de projet qui ne contrôle pas régulièrement son niveau d’humilité est autant fautif. Mais au moins, il est possible de questionner ces postes au travers des outils utilisés accessibles (et normalement partagés) à tous : analyse des besoins, spécifications, user stories, roadmaps…

    1. J’ai vu ça le plus souvent chez des devs.
      Une seule fois chez un chef de projet en effet.
      Même histoire, contexte différent !

  4. Et encore… là tu reste dans notre monde de dév, l’autre jour je suis tombé sur une vidéo en direct d’un hacker, même si je suis pas mauvais dans mon domaine, là je me suis senti … comme une merde ;D C’est juste un autre monde. On à l’impression d’être en haut de l’échelle niveau informatique mais en fait pas du tout.

  5. > Paradoxalement, les juniors sont plus atteints par le phénomène que les seniors.

    Ce n’est pas si paradoxal que cela : cela a un nom, c’est un biais cognitif nommé l’effet Dunning Kruger https://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_Dunning-Kruger

    Quand à l’ego, une grande dame experte en coaching me disait que ce n’est pas totalement à bannir, mais plus à voir comme un lion qu’il faut tantôt savoir tenir à distance à coups de fouet (car c’est dangereux ces bêbêtes-là, on peut se faire bouffer :D), tantôt savoir le caresser et le faire rugir. 🙂

    Après, en effet, avec l’expérience on relativise énormément ses connaissances. En fait, je remarque plus mes compétences par les autres qui sont stupéfaits de trucs que je connais (car je pense que tout le monde sait ce que je sais, imposteur ^^).

    Pour peu que tu bosses avec des pointures dans des domaines particuliers, tu prends régulièrement des claques genre « heuuuuu, ça existe ça ??? » ou des trucs de dingues. Et le plus sympa, c’est quand on te montre la complexité d’un truc que tu utilises tous les jours (genre les emails, le chiffrement, etc.).

    1. A noter que si beaucoup de jeunes sont atteints par ce biais cognitif, à mon humble avis, c’est essentiellement la faute
      * des écoles d’ingénieurs ou assimilés qui t’expliquent toute la scolarité que tu es l’élite de l’élite
      * des boites qui recrutent des jeunes diplômés, malléables, en leur tenant le même genre de discours.

    2. Dunning Kruger effect:

      💩 know nothing
      😮 heard of it
      😐 did 1 tuto
      😀 think I am pretty good
      😁 think I have not much more to learn (peak of mount stupid)
      😨 falling to valley of despair
      😱 at the bottom of the valley of despair
      😤 reaching slope of enlightenment
      😎 reaching plateau of sustainability
      🐱‍👤 master

  6. Très bel article sur l’ambiance dans les équipes de développeurs, car certains sont très imbus de leurs petites connaissances qu’ils ne daignent même pas partager…

      1. Erf tu m’as tué avec le pseudo Mauss !! (moi aussi je suis fan).

        En tout cas merci à l’auteur pour cet excellent article. Moi aussi je suis tombé de haut le jour où un collègue m’a dit qu’il me trouvait arrogant. Mais en analysant rétrospectivement, je comprenais pourquoi.

  7. « …J’arrivais le matin et je traversais l’open space sans dire bonjour à personne. » C est pas le fait d etre DEV qui produit cela, juste une personne qui se croit superieur aux autres, on retrouve ça partout, dans tous les metiers. Dire que le fait d etre dev serait responsable de cette attitude, est du domaine de le excuse.

    1. C’est clair. C’est pas parce que t’es dev que tu réagis comme ça, tu fais juste partie d’une catégorie de personnes en trois lettres…

  8. Moi cette semaine je passe un entretien pour une grosse entreprise pour une formation de fullstack. Reconversion totale car j’ai décidé de m’orienter vers l’informatique de façon définitive. C est ma passion actuellement et je suis fatigué de me prendre les gros non après plusieurs entretiens d’embauche. Je ne suis même pas encore junior et votre article ma vite donner le conseil qu il faut car me connaissant si je débarquais après ma formation en homme intouchable j allais sûrement me pre de une bonne claque aussi. Je ne savais pas pourquoi beaucoup de personnes de mon entourage me demandait de rester humble surtout de savoir équilibrer les choses jusqu’à ce que je lise votre article. Souhaitez moi bonne chance s il vous plaît car je voudrais moi aussi devenir un incontournable en informatique qui malgré tous ce fait enfant.

  9. Je commente pas souvent, mais là let’s go: super article. Même du haut de mes 42 balais, ça fait réfléchir (heureusement que j’ai fait une partie du chemin). Pas toujours évident de se rappeler qu’il y a toujours meilleur, toujours plus complexe.

  10. J’ai l’impression que certains ont « la chance » de rester dans des situations où ils sont au sommet de la montagne de la stupidité de la courbe de l’effet Dunning-Kruger jusqu’à leur retraite (voire au delà).
    La correction ne se fait sentir que lors d’un rabattage des cartes ou d’une sortie malencontreuse de la zone de confort.

    1. > dans des situations où ils sont au sommet de la montagne de la stupidité de la courbe de l’effet Dunning-Kruger jusqu’à leur retraite (voire au delà)
      J’aime le « voire au delà » car il est tout à fait représentatif de la génération « boomer » d’aujourd’hui 😉

  11. > Sauf qu’arriver au moment

    => Sauf qu’arrivé au moment.

    Et oui car en plus d’être un développeur exceptionnel, je ne fais jamais de fautes d’orthographes. >.<

  12. Très chouette article !

    J’ai l’impression que ça se rapproche beaucoup de la pensée socratique à la base de la rationalité (« tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien »): http://coursphilosophie.free.fr/philosophes/socrate.php

    Dans tous les cas, je pense qu’on est nombreux à avoir eu un passage où l’on se sent super fort, et une piqûre de rappel de temps en temps ne fait pas de mal pour pouvoir mieux progresser 🙂

  13. C’est beau de ta part d’avoir eu le recul nécessaire sur toi-même pour évoluer. C’est pas donné à tout le monde, et ça prouve peut-être que tu n’avais pas un ego si nul que ça 😉

    Pour élargir le débat, je trouve que ton article s’applique à bien d’autres milieux que le développement informatique. J’y vois exactement les mêmes phénomènes en médecine par exemple : nombre de médecins ou chirurgiens sont persuadés d’être géniaux parce qu’ils connaissent 2-3 trucs sur les pathologies de leurs spécialités. Mais le même chirurgien qui te parle mal parce que tu sais pas lire une radio de genou se retrouve bien con dès qu’il s’agit de régler des trucs faciles (comme par exemple l’insuline chez un diabétique).

    Bref n’ait crainte tu as été tout simplement… humain 🙂

  14. Je me temps peut-être, mais je subodore qu’il y a aussi parfois ce genre de comportement de gens de la capitale envers les provinciaux… ou de la part des urbains envers les ruraux… 😉

  15. « Comprendre que personne n’est irremplaçable. Ni toi, ni moi, ni ton patron, ni ton directeur technique, pas même le lead tech qui sauve la terre tous les jours. »

    proverbe de mon grand père: « Personne n’est irremplacable. Les cimetières sont remplis de gens iremplacables et pourtant le monde est toujours là »

  16. Mouais, un dév c’est un homme comme les autres, il y a des arrogants partout, sauf qu’en dév le scope est bcp plus large que n’importe quel autre métier et qui comporte des savoirs faires qui sans cesse évolues (j’ai bien mis au pluriels contrairement aux autres métiers qui ne nécessite qu’un savoir faire). ça serai donc le seul métier où l’on ne pourrais pas se sentir « expert absolu », 20 ans dans le dév n’est comme 20 dans une autre domaine car le dév d’il y a 20 n’est pas le même que le dév d’aujourd’hui.

  17. Très bien vu et bien écrit.

    Pour ce que me concerne le recadrage de l’ego se réalise naturellement au début de tous mes projets de machine learning.

    20 ans de bon et loyaux développements n’y font rien; c’est dur et c’est dur à chaque fois.

    Happy coding.

  18. Personnellement, je suis toujours partie du postula que la seule chose que je suis certain, c’est justement que je ne sais rien.

    Je cherche toujours à évoluer, je suis très curieux de nature, et je m’attache facilement aux autres, et surtout les emmerdeurs. (Ceux qui vous pose des sèches.)

    Et pourtant, je sais que je ne suis pas à l’abris de ce type d’effet d’aura. Ce moment, où nous nous prenons pour un Dieux vivant, que le monde est à notre porté. Dès que vous ouvrez la bouche tout le monde se tait. Cet instant où vous imaginez les gens qui se prosternent presque devant vous, et puis qui vous méprise par derrière car ils jalousent votre talent et succès.

    Par chance, je n’ai jamais connu ce syndrome, même en gérant une infrastructure de 100 personnes, et le développements d’outils de gestion internes.

    Par contre, dans mes expériences professionnelles, j’ai déjà eut à travailler avec ce type de personnes. Je les surnomme les Super Marvel. En référence à l’effet Marvel, qui se révèle à eux, ils sont l’élus de Matrix, et ton avis ne compte pas, ils sont LE Super Héros de l’entreprise.

    Et je déteste travailler avec ce type personne, ils sont nocifs, ils pensent avoir réponse à tout. Et ne t’amène que très rarement preuve de leurs propos.

    Et quand tu leurs posent une sèche, ils te disent que tu ne sait pas de quoi tu parles, que tu racontes n’importe quoi. Quand un projet réussit, grâce à lui (même s’il n’y a pas participé), et s’il échoue c’est de ta faute (même s’il était tout seul).

    Que tu ne sais pas travailler… Au point, de te faire douter de tes propres connaissances et compétences.

    Sur ce point, il n’avait tout à fait tors. J’avais petit soucis de méthodologie, je documentais trop bien mon travail. Cela peu vous faire bondir de votre siège. Effectivement, quand tu documentes, cela va encore plus flatter son Ego en se disant qu’il est trop bon.

    En conséquence, j’avais décidé de reprendre une formation en informatique, pour approfondir mes connaissances. Et je me suis rendu compte que je n’étais pas dans l »erreur, que j’avais juste le syndrome de l’imposteur, et qu’il s’en était servit pour me faire douter de mes qualités. Et profiter de mes compétences.

    D’une certaine manière, il avait réussit à me faire progressé. Comme quoi ce qui ne tue pas rend plus fort. Et je continue à progresser en permanence. ^_^

  19. Merci pour ce partage d’expérience tellement représentatif de ce que je connais. Je m’empresse de donner le lien au stagiaires dev que je forme actuellement parce que ces mots sont des clés de réussite. Bon et choppe pas le melon parce que je te fais un compliment quantique ok?

  20. Salut,
    Je suis alternant, et déjà, en formation, j’ai l’impression d’être pas mal confronté à ce que tu décris. J’ai l’impression qu’en cours, c’est pas mal compétitif, que les gens aiment bien quand quelqu’un pose la question bien con et qu’il serve de faire valoir(même si souvent, je pense que beaucoup se la posent aussi) . Pendant les projets de groupe, c’est à celui qui se fera remarquer auprès des formateurs, qui appuiera sur les lacunes des collègues mais jamais les siennes. En entreprise, pareil, si tu poses des questions, tu échappes rarement à une belle petite humiliation bien comme il faut… Enfin bref, pour résumer, j’ai le sentiment que les débutants ou les niveaux inférieurs servent forcément de faire valoir.. à ces egos démesurés. Des conseils, avis? Se faire petit, continuer d’apprendre et accepter? Ne compter que sur soi pour progresser? Continuer de passer pour un idiot plutôt qu’un imposteur.? Arrêter d’être parano ?

    1. Bonjour,
      Arrêter d’être parano, pour faire court. Et envoyer bouler gentiment ceux qui te prennent pour un débile sorti de sa grotte : « je sais pas, je me renseigne, je préfère poser une question potentiellement débile que de rien dire ». ça a surement déjà été dit (moi et ma mémoire de poisson rouge), mais ne rien dire est la PIRE des choses. On perd du temps à rechercher des solutions soit seul, avec ses connaissances, ou sur internet, avec des solutions inapplicables ou inadaptées au contexte.
      ça me le fait aussi. Je cherche tout seul quelques temps, et au bout d’un moment, je me lance. Si on dit « t’a pas cherché » on répond de suite (ou mieux, tout de suite après la question) « j’ai cherché là et là et ça ne me parait pas adapté.  » Le mot « paraitre » a son importance : ça ouvre la voie à une vérification et à discuter des pistes de réflexion. Et ne pas fermer cette piste de réflexion à son interlocuteur, pour initier des échanges les plus paisibles.
      Toujours permettre une piste à son interlocuteur, quel qu’il soit.
      15 ans de code, et syndrome de l’imposteur. J’en joue et ça peut aider ^^

  21. J’avoue que j’ai pu également être imbu de ma personne en tant que développeur et que j’ai souvent mal parlé à des collègues dont j’estimais qu’ils faisaient mal leurs boulots.
    En revanche, j’ai toujours été pédagogue et j’explique toujours ce qui ne va pas et comment on pourrait améliorer les choses. Je n’invente rien, je m’efforce juste d’utiliser les bonnes pratiques, utiliser les bons patterns de conception qui feront que l’application sera de plus en plus facile à maintenir, je suis dans une démarche d’amélioration continue donc ça veut dire que quand quelques choses est pénible à faire ou à implémenter, ça ne peut pas rester ainsi indéfiniment.
    En ce qui concerne le Junior enfermé dans sa bulle qui se croit indispensable, je conseille de travailler pour une ESN plutôt qu’un client direct, les bonnes ESN permettent aujourd’hui de sortir de sa zone de confort et de se remettre en question régulièrement. Rien de mieux pour rester à jour et ne pas se dinosauriser

  22. Super article, merci.
    Je débute dans le code (à 61 ans),
    (école 42 il y à 2ans)
    je n’étais que technicien de maintenance jusqu’à maintenant
    (formation sur le tas).
    l’Humilité … , une qualité indispensable pour qui veut apprendre.
    (si je crois tous savoir je n’ai rien à apprendre)
    Comme dis Sébastien en citant Socrate (“tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien”)
    Et comme le dis Mauss « cela va avec le cycle du don :
    demander/donner/recevoir/rendre »
    Par exemple expliquer à quelqu’un, un concept, un ‘truc’, qu’il ne connait pas, vous oblige à l’énoncer simplement, et on s’aperçoit parfois que ce n’est pas si clair que ça pour nous ! 🙂
    On donne et reçoit une information.
    Si on considère l’évolution des sciences et des technologies qui en découlent, d’hier à aujourd’hui,
    on vois leur courbe suivre celle des moyens de communications donc de partage des informations.
    (du manuscrit à l’informatique)
    Partageons donc nos information en toutes humilité, et nous avancerons plus vite 😉
    et merci encore pour cet article.

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